Diversité : faut-il une loi pour qu'elle existe dans la réalité?

Publié le

                               

Le Parti socialiste a présenté plus de 2000 candidats issus de la diversité lors des dernières élections municipales. Ce qui est un progrès très important. Plus de 1600 sont devenus conseillers municipaux et 400 Maires-adjoints. Mais les postes de maires leurs restent inaccessibles pour le moment. Aucun maire (hormis Kader Atteye à Morey-sur-Loing, Samia Ghali dans le 8ème secteur de Marseille) et aucun conseiller général d’origine africaine subsaharienne (Notons tout de même l’élection au conseil général de Seine-Saint-Denis de Bally Bagayoko présenté par le PC) ou maghrébine ne sont sortis des urnes à l’issue de ces élections municipales et cantonales. Il en est de même pour les Ultramarins (hors DOM-TOM). N’oublions pas que la droite a présenté 20 têtes de listes issues de la diversité aux élections municipales de 2008 contre 7 pour le PS.

A l’heure où un métis : Barack Obama fait la course en tête pour l’investiture démocrate aux Etats-Unis, la France paraît bien ringarde et dépassée.

Ce constat ne fait que nous renforcer dans notre détermination à combattre les discriminations politiques  par le biais du mouvement EQUITE. La représentation politique ne correspond pas à la sociologie de la population française prise sous les angles socioprofessionnels, générationnels, ethniques. Sans oublier le handicap.

Seule la parité entre les hommes et les femmes est respectée. Il aura fallu une loi du 6 juin 2000 pour qu’il en soit ainsi. Peut-être faudra-t-il réfléchir à la mise en place d’une loi pour permettre à la diversité d’exister ? Sans cela, les militants issus de la diversité ne deviendront jamais des élus de premier plan (Députés, députés européens, Sénateurs, maires, conseillers généraux, conseillers régionaux). Les barons locaux (qui ne détestent pas instrumentaliser les militants de la diversité inexpérimentés et en mal de reconnaissance, en organisant des combats fratricides entre eux) ne sont pas vraiment progressistes, lorsqu’il s’agit de favoriser le métissage dans notre pays ou de renouveler le personnel politique en terme générationnel. Seule la loi peut les amener à la raison tout en éloignant « le spectre du communautarisme ». Nous gardons à l’esprit cette rhétorique nauséabonde qui cherche à culpabiliser les citoyens concernés en premier chef par les discriminations, pour leur interdire de s’organiser afin de mieux les combattre. Les militants Américains des droits civiques -y compris le plus charismatique d’entre eux Martin Luther King- devraient donc être considérés comme des communautaristes ! Pour nous les communautaristes sont ceux qui excluent et discriminent : les racistes rétrogrades incapables de se débarrasser de réflexes colonialistes.

En attendant, certains socialistes issus de la diversité ont été élus conseillers municipaux et d’autres font  partie des exécutifs municipaux. C’est le cas dans de nombreuses communes et c’est aussi l’honneur du Parti socialiste. Nous espérons simplement que le grade de Maire-adjoint ne deviendra pas le plafond de verre des élus issus de la diversité.

Nos concitoyens sont prêts à leur accorder des responsabilités politiques; tous les sondages portant sur cette question de la représentativité nous le démontrent. Cette prise en compte de la diversité au sein des instances du Parti socialiste (puis parmi les élus de premier plan) sera l’un des enjeux du prochain congrès. Les réponses portant sur les inégalités territoriales, la laïcité, l’éducation, la santé, le logement, les solidarités, le développement durable  viendront aussi de Français issus de la diversité. C’est sur ces problématiques essentielles également pour l’évolution positive de notre modèle social d’intégration que se joueront  les futures échéances politiques. Les analyses portant sur le manque de visibilités des minorités ont été effectuées à Dijon puis au Mans ; il faut à présent attaquer de front ces discriminations politiques et y mettre fin. Il est grand temps de réagir devant les coups de boutoir de la droite et la politique de triangulation menée par Nicolas Sarkozy sur le terrain de l’intégration sociale, économique et politique des Français issus de la diversité.

 

Louis Mohamed SEYE
Maire Adjoint Chargé des Collectivités Territoriales et de l'Intercommunalité
Fontenay-Sous-Bois
Délégué National PS à la Francophonie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article